Mastodon : le réseau social qui rivalise avec Twitter

La semaine dernière nous avons fait une excursion sur les dangers des réseaux sociaux, Facebook en tête. Cette semaine, nous vous présentons une alternative aux réseaux sociaux les plus connus : Mastodon! Avec son slogan “Social networking, back in your hands” (“Reprenez le contrôle sur les réseaux sociaux”), il nous fait de belles promesses. Saura-t-il les tenir?
dessin mammouth

La naissance du petit mammouth

La création de Mastodon remonte à octobre 2016. Eugen Rochko en est à l’origine. À l’époque, le jeune développeur allemand venait de terminer ses études à l’Université Friedrich Schiller d’Iena en Thuringe. Mais comment en est-il arrivé là ?

En janvier 2017, Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a publié une lettre ouverte qui encourageait les développeurs à créer une communauté mondiale et ouverte, ce que Facebook n’a pas vocation à devenir. C’est cette lettre qui a inspiré Eugen Rochko en lui faisant comprendre qu’il était sur la bonne voie.
Le jeune développeur avait toujours nourri une fascination pour les réseaux sociaux “alternatifs ». Il utilisait App.net, qui a cependant fermé ses portes en mars 2017. Il a donc appris des erreurs de l’application américaine pour concevoir Mastodon, à la fois comme une plateforme de micro-blogging et un réseau social.

Eugen Rochko disposait de fortes compétences techniques mais était loin du monde du marketing et du business. Cependant, fin 2016, il arrive à sortir Mastodon et à le diffuser sans plan marketing, ni aucun financement publicitaire. Concrètement, c’est grâce au financement participatif (sur la plateforme Patreon) que Mastodon a vu le jour.

Avant de poursuivre avec les détails techniques, vous vous demandez d’où vient ce nom original. Le réseau social ne doit pas son nom à l’animal préhistorique (bien qu’il soit son logo) mais au groupe américain de heavy-metal Mastodon, dont Eugen Rochko est fan.

En quoi ce réseau social est-il différent ?

La structure de Mastodon a beaucoup de points communs avec celle de Twitter. On peut écrire des “toots” (ou des “pouets” en français) à la place des tweets. Ils paraissent dans le fil d’actualité des utilisateurs qui nous suivent.

En revanche, si sur Twitter les utilisateurs disposent de 280 caractères, ici, ils en ont 500 à leur disposition. L’interface utilisateur est très intuitive. Par la nature même de la plateforme, l’utilisateur a un contrôle majeur sur la confidentialité de son profil. On peut l’élaborer par des critères autre que chronologiques (ce qui, selon Eugen Rochko représente une des limites de Twitter).

Si on devait définir Maston avec des mots clés, on dirait: open-source, décentralisation et neutralité.

Open-source

Mastodon est un logiciel libre, c’est à dire que son code source est accessible et son protocole est ouvert. Il est codé en Javascript et Ruby on Rails.

Décentralisation

A la différence des réseaux sociaux majeurs que l’on connait, Mastodon n’est pas hébergé sur un serveur central. Il suffit de se rendre sur la page d’accueil, pour se rendre compte qu’il incite les utilisateurs à créer leur propre instance du logiciel sur leurs serveurs. De cette manière l’utilisateur garde un plus grand contrôle sur ses données personnelles (car il n’est pas obligé de passer par un autre serveur pour utiliser le service). Ce choix repose sur la philosophie du Net décentralisé.

Les instances des serveurs communiquent entre elles à la manière des systèmes de courrier électronique: il est ainsi possible pour un utilisateur de suivre quelqu’un présent sur un autre serveur. Et pour ceux qui ne disposeraient pas d’un serveur, il est possible de rejoindre des instances publiques (comme la plus grande instance en France mamot.fr).

Neutralité

Mastodon n’a aucune finalité commerciale. Il prône l’absence de publicité et ne collecte aucunes données personnelles ou information sur la navigation. L’absence d’une autorité centrale est aussi mise en avant: les utilisateurs sont invités à s’exprimer dans le respect d’une charte de bonne conduite, qui est propre à l’instance (il est possible d’avoir des serveurs avec différentes chartes d’utilisation).

Un succès inattendu mais en stagnation

Mastodon fait son essor en France en avril 2017, quand un nombre important d’utilisateurs français commencent à s’inscrire suite à la sortie de plusieurs articles de presse.
Le pic d’inscription est totalement inattendu, et le 5 avril, l’instance du serveur historique, mastodon.social, celle hébergé par Eugene Rochko, est obligée de clore les inscriptions car elle ne peut pas soutenir ce rythme. Cependant, de nombreuses instances voient le jour permettant l’inscription de nouveaux abonnés.

Malheureusement, après la forte croissance du mois d’avril (on est passé de 152 000 comptes à 306 000 en 4 jours !), les utilisateurs s’inscrivent à un rythme plus modeste, jusqu’à se stabiliser.
Le 1er décembre 2017, Mastodon a dépassé le million d’utilisateurs sur un peu plus de 1000 instances actives.
Des chiffres positifs, si on pense que Mastodon est âgé de moins de 2 ans, mais qui sont loin d’effrayer Twitter, qui en septembre 2017 comptait 330 millions d’utilisateurs dans le monde.

Si cet article a éveillé votre curiosité vous pouvez vous inscrire et tester par vous-même si Mastodon est le réseau social fait pour vous !

Sources:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Red%C3%A9centralisation_d%27Internet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mastodon_(r%C3%A9seau_social)
http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/qui-est-eugen-rochko-cet-allemand-de-24-ans-qui-a-cree-mastodon-1139641.html
https://www.theverge.com/2017/4/4/15177856/mastodon-social-network-twitter-clone
https://expandedramblings.com/index.php/mastodon-statistics-facts/
https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-twitter/
http://www.telegraph.co.uk/technology/2017/04/05/mastodon-new-social-network-vying-next-twitter/
https://github.com/tootsuite/mastodon
https://mastodon.social/about/more