Utiliser les données issues des réseaux sociaux pour faire le bien, c’est possible

peut-on utiliser les réseaux sociaux pour faire le bien ?Largement critiqués pour leurs effets néfastes sur la santé mentale (dépression, anxiété, sentiment de solitude, etc.), notamment chez les jeunes, et pour les données personnelles qu’ils brassent au détriment des internautes, les réseaux sociaux souffrent depuis quelques années de leur mauvaise réputation.

Mais sont-ils vraiment aussi mauvais qu’on le pense ? Il serait en effet bien réducteur d’affirmer cela. S’il est vrai que les médias sociaux sont flous quant au traitement des données personnelles des internautes, ils n’en demeurent pas moins un canal de communication extraordinaire. Ils permettent à des millions (voire des milliards !) de personnes à travers le monde de se connecter , et ce, instantanément. Utilisés de manière raisonnée et positive, les réseaux sociaux ne pourraient-ils pas devenir nos alliés ?

Les données collaboratives : créatrices de valeur sociale

Utiliser les données issues des médias sociaux pour faire le bien, c’est l’idée que défendent Stefaan G. Verhulst et Andrew Young dans leur récente étude intitulée “The Potential of Social Media Intelligence to Improve People’s Lives, Social Media Data for Good” (Le potentiel de l’intelligence des médias sociaux pour améliorer la vie des personnes, les médias sociaux pour faire le bien). Ils y démontrent que les données issues des réseaux sociaux constituent une mine d’informations pour nous aider à développer des solutions aux défis de demain.

Dans leur étude, élaborée avec le soutien de Facebook, ils étudient plus particulièrement les données dites collaboratives. Il s’agit des données que les entreprises de médias sociaux échangent avec des ONG ou des acteurs de la société civile en vue de créer de la valeur sociale.

Les données issues des réseaux sociaux en action

Utiliser les données issues des médias sociaux pour faire le bien, comment cela se traduit-il, concrètement ? L’étude de Stefaan G. Verhulst et Andrew Young met en avant 5 valeurs clés comme sources d’amélioration possibles. Pour chacune d’entre elles, nous allons vous présenter un exemple concret d’utilisation positive des données.

Analyser et évaluer l’impact de grands sujets de société

Un premier élément de réponse avec l’initiative Global Pulse du bureau des Nations Unies :

Dans le cadre de son projet “Using Twitter to Measure Global Engagement on Climate Change”, Global Pulse a permis de développer un outil pour mesurer en temps réel le nombre et la localisation de tweets. Les tweets analysés étaient rédigés en anglais, français et espagnol et postés dans le contexte du sommet sur le climat des Nations Unies de 2014.
Les résultats sont visibles sur une carte interactive qui reprend des grands thèmes liés au climat comme les énergies renouvelables, les océans ou l’économie.

Cet outil a permis de mieux comprendre le rôle que peuvent jouer les médias sociaux dans la communication autour de cette problématique, notamment lors des grands événements liés au climat. Il a également participé à faire s’engager les populations dans la lutte contre le changement climatique, à mesurer les effets des politiques de sensibilisation et à aiguiller les autorités vers de meilleures décisions dans ce domaine.

Améliorer la connaissance d’une situation pour mieux y faire face

En matière de réponse à une catastrophe, les exemples les plus parlants et que nous connaissons probablement tous sont les Safety Checks de Facebook. Le géant social a lancé l’année dernière d’autres outils permettant de mieux appréhender une situation de crise en cas de catastrophe. Il s’agit des cartes de localisation de la densité de population et des cartes de mouvements de populations. Ces données permettent en effet aux ONG et aux équipes de la protection civile qui travaillent sur les lieux sinistrés d’avoir un meilleur aperçu des zones où se trouvent les personnes nécessitant des soins, et quelles ressources leur fournir.

Créer et partager des connaissances

Le réseaux social professionnel LinkedIn souhaite de son côté améliorer la vie des personnes dans le monde du travail et à plus grande échelle, le système économique. Pour y parvenir, il a lancé le programme “Economic Graph Research”. Il vise à exploiter les données de LinkedIn pour cartographier ses membres, ses entreprises, ses écoles et ses universités. L’objectif est de repérer des tendances comme la migration des talents, les taux d’embauche et les compétences demandées par région, afin de mieux mettre en relation les personnes dans le monde professionnel.

Améliorer la conception des services publics et la prestation de services

Le monde de l’entreprise bénéficie lui aussi de l’usage positif des données issues des médias sociaux. L’enquête “Future of Business”, lancée en 2016 par Facebook, l’OCDE et la Banque Mondiale, permet d’évaluer mensuellement l’environnement économique de plus de 140 000 PME réparties dans 33 pays sur la base des pages Facebook d’entreprises. L’objectif est ainsi de permettre à ces entreprises de mieux cerner les perspectives et les défis auxquels elles doivent faire face. Cet enjeu est d’autant plus important dans le contexte de la transition numérique.

Prévoir des événements ou des tendances

Et si Twitter pouvait nous aider à prévoir la propagation de la grippe saisonnière ? Une équipe de chercheurs de l’université Northeastern aux Etats-Unis s’est penchée sur cette question pour mettre au point un modèle informatique basé entre autres sur les tweets des internautes se plaignant de leurs symptômes. L’objectif n’était pas de connaître le nombre de malades, car cela est impossible avec Twitter. Il s’agissait plutôt de savoir dans quelles zones on trouvait le plus de personnes touchées, grâce à la géolocalisation.

Toutes ces actions entreprises pour améliorer nos vies nous laissent rêveurs. Mais la prudence reste de mise. Car même si nos données sont utilisées pour la bonne cause, leur traitement dans ce contexte demeure très opaque. A l’avenir, il faudra donc régulariser cela, en prenant soin de garantir aux internautes le respect de leur vie privée, tout en poursuivant le développement d’outils utiles pour notre bien à tous. Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à aller lire notre article sur le digital : bien plus que du divertissement !

Rédigé par Pauline GILG

Sources (cliquez ici !)

Stefaan G. Verhulst et Andrew Young, The Potential of Social Media Intelligence to Improve People’s Lives, Social Media Data for Good
Melissa G. Hunt, Rachel Marx, Courtney Lipson, and Jordyn Young (2018). No More FOMO: Limiting Social Media Decreases Loneliness and Depression. Journal of Social and Clinical Psychology. e-View Ahead of Print.
https://doi.org/10.1521/jscp.2018.37.10.751
Northeastern University. « Twitter used to track the flu in real time. » ScienceDaily. www.sciencedaily.com/releases/2017/05/170509121952.htm
https://www.forbes.fr/technologie/facebook-future-of-business-letude-sur-les-pme-en-collaboration-avec-la-banque-mondiale-et-locde/?cn-reloaded=1